Avoir des Ouessant demande un minimum de temps à leur consacrer et il importe de ne pas faillir aux visites quotidiennes et divers soins que leur détention impose.
Avoir un chien (des chiens) demande par contre un maximum de temps. Animal imprégné par l'Homme depuis la nuit des temps et se trouvant dans une sorte de coévolution sociale avec l'humain, le chien a besoin d'un maître très présent pour son équilibre affectif et il est important que ce dernier lui propose nombre d'activités pour nourrir ses besoins physiques et mentaux.
Aussi chaque matin, la journée commence en se souciant de la meute.
Pas toujours réveillée avant moi, quand elle l'est, elle m'attend, attentive à lire chacun de mes gestes, espérant celui qui correspondra au signal plus précis du départ pour la première promenade au petit matin.
Encore faudrait-il pour démarrer cette journée que je réunisse mes deux savates pour aller enfiler les bottes.
Le grand gamin de Junior, avec ses neuf mois, me joue encore ce tour régulièrement.
Junior est un Border collie de type "Nap". Visuellement, c'est bien le morphe que je préfère en cette race parmi les nombreux profils morphologiques qu'on y trouve. Le type "Nap", du nom d'un des premiers ancêtres du Border, me séduit de par une construction qui a gardé, malgré la domestication, une allure de canidé sauvage.
Gypse, la belle brune, est du même type d'ailleurs malgré une oreille qui casse de temps à autre.
Guss avec ses oreilles cassées n'en est pas moins un bon "pépère" Border.
Tout comme la vieille Tess.
La balade du matin, c'est un moment pour tisser dans la meute des rapports différents et pour le berger s'y inscrire. Sans parler du simple bonheur de courir.
Après s'être vidé la vessie et les intestins, on se sent léger. Commencent alors poursuites et jeux auxquels Guss s'adonne également à sa façon, maladroitement, bien qu'il n'y voit pratiquement rien.
Le "je t'attrape" finit en un corps à corps, véritable cœur à cœur entre ces deux là.
La balade du matin évacue l'énergie accumulée après une nuit de repos. Le berger y renforce son rôle de dominant, au niveau du groupe comme de l'individu. On y travaille les attentes habituelles pour un chien éduqué au mieux, exercices plus difficiles au sein d'une meute que vis à vis d'un chien seul avec son maître.
C'est l'occasion d'apprendre au jeune Junior de ne pas pister les chevreuils. Chose travaillée également lors des cours particuliers.
Tous ces moments du plaisir de la balade doivent être aussi ceux du berger, sans nuire à la faune.
Comme toute chose a une fin, au bout d'une heure, le groupe, "vidé", rentre à la maison.
Dans la journée, viendra le cours de perfectionnement (et de pur plaisir) au travail sur troupeau pour Gypse la brunette ou plus simplement l' utilisation pratique de cette chienne pour divers mouvements des Lutins Ouessant. Il y aura aussi les séances des premiers contacts de Junior avec les moutons. Et puis, comme Guss le mal voyant et Tess la petite vieille sourde ne doivent pas être en reste, viendra au moins une autre balade pour la meute avant la nuit.
Voilà une vie de Border bien remplie, sans compter les voyages en voiture et autres sorties en ville pour en faire des chiens épanouis et à multiples facettes .
Avoir un chien nécessite, oblige d'être présent et disponible pour lui, un Border collie plus encore. Si on ne le peut pas, mieux vaut ne pas en avoir, pour le chien d'abord, pour celui qui faillit être maître ensuite....
Ecrasé par une voiture?
Non! Fort heureusement!
C'est la façon pour Guss qui n'y voit pas, de montrer parfois son opposition au retour à la fin de balade. Malgré son handicap, en bon chien qui se respecte, il adore les sorties. Comme il ne peut lire le langage des gestes et que celui des mots n'est pas toujours agréable pour lui, il faut alors le rejoindre pour utiliser le langage du contact ... une caresse pour le faire suivre alors les talons et regagner sa maison au nez et aux sensations tactiles des coussinets.