La prairie est un milieu artificiel contenu en l'état par la fauche ou le pâturage. Cependant aucun de ces moyens de maintien du milieu n'est parfait sur la durée. La nature comme le lieu sont perpétuellement soumis à des phénomènes évolutifs.
Certains peuvent être appréciables pour l'éleveur alors que d'autres se montrent être un souci sous cet angle de l'élevage.
J'ai déjà présenté mon combat pour contenir ronces, fougères et orties dans les haies, au risque sinon de les voir envahir l'espace prairial, limitant ainsi les graminées consommées par les moutons (les ronces étant même un redoutable piège pour les Ouessant Sauvé ).
Les rumex ("oseilles sauvages") sont consommées par les ovins mais pas de façon prioritaire d'un point de vue appétance. Cette plante se trouve donc la plupart du temps contenue par les dents des moutons, mais éliminée seulement en cas de forte pression.
La prairie de fauche ne bénéficie pas de ce régime et là où le rumex est installé il a le temps de fructifier et de donner des graines à maturité avant que les lames ne passent.
J'avais acheté du foin il y a deux hivers lors de la pénurie de cette denrée. Il s'avéra contenir beaucoup de rumex. Ainsi de par les graines, de nombreux pieds de cette plante se sont installés aux abords de l'abri, lieu d'affourragement.
L'abondance d'herbe de par la pluviométrie du moment fait que les Ouessant délaissent beaucoup trop ce rumex et qu'il est bien parti pour fructifier et continuer à s'étendre. La seule solution, pas très agréable dans la décision, sera l'emploi ciblé et ponctuel du "poison", un désherbant sélectif systémique, employé en l'absence du troupeau durant une paire de semaines.
Voilà l'arrivée de la bardane, non consommée par les moutons.
Ses boutons de graines de type "velcro" n'amusent que les écoliers en milieu rural qui se les "collent" dans le dos dans les cours de récréation, ou encore l'invité alcoolisé des tristes fins de soirée de mariages qui les fixe avec le petit carton à slogan humoristique (?) qu'ils supportent, dans le dos de tout bipède passant à sa proximité...
Un calvaire par contre pour les moutons dont la toison accroche ces boutons de graines. Seule la tonte les en débarassera.
Un pied, puis deux , puis trois....puis encore plus loin la plante s'installe. Pas encore trop nombreux, les pieds de bardane devraient pouvoir être éliminés par arrachage manuel profond pour bien extirper les racines.
Le "mal" récent provient d'une basse-cour d'un voisin à 150 mètres ....
Certains chardons deviennent vite un problème si on n'intervient pas, s'installant d'autant plus vite sur les surfaces pâturées. Là encore, la source du souci est un autre voisin qui était en surpâturage et chez qui ces chardons ont vite proliféré durant cinq ans sans aucune intervention du propriétaire des lieux. Situées sous bon vent (plutôt mauvais en la circonstance), les prairies des Lutins se sont trouvées être envahies à leur tour.
Une fois de plus, des heures et des heures de labeur en perspective à arracher ces milliers de chardons avant la floraison, seule l'huile de coude permettant de gérer la situation au mieux.
Les cirses des marais ont par contre l'autorisation d'être libres sur le domaine. Cette plante des lieux humides se limitant à la proximité de l'eau.
Il n'y a que peu de répit en élevage, chaque période apportant ses labeurs du moment.
Suivront la taille des onglons, le gros travail de tonte, la fauche des fougères et enfin juilletet août devraient être plus calmes si on excepte un ténia toujours possible à combattre ici ou là sur quelques agneaux, et la première vaccination et son rappel pour l'ensemble des agneaux. J'oubliais une seconde fauche des fougères fin août, la pose de la nouvelle identification électronique avant juillet (si elle m'arrive un jour) et les prises de sang pour les analyses de la situation brucellose.
Finalement je réalise que les mois prochains sont bien remplis, ce qui fait de la lutte contre la végétation invasive un travail dont je me passerais bien.